Un Dieu-Père, mais pas Superman

Classé dans : Bible, Carême, Fêtes, Homélies | 0
Imprimer
Photo libre de droits : pixabay

 

Homélie pour le 3e dimanche du Carême C

Temps fort « 24 heures pour le Seigneur »

 

Exode 3,1-15  /  Psaume 102  /  1Corinthiens 10,1-6.10-12 / Luc 13,1-9

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

NB : cette homélie s’adresse principalement aux enfants présents ce jour, d’où l’adaptation du style.

 

Si ton Dieu existait vraiment, y’aurait pas toute cette souffrance dans le monde…

Je suis sûr que vous avez déjà entendu cette phrase, chers Amis.

C’est la phrase-type que les gens sans grands arguments nous opposent à nous, les croyants.

« Si ton Dieu existait vraiment, y’aurait pas toute cette souffrance dans le monde ! »

C’est exactement comme d’aller trouver… imaginons… un enfant qui vient de tomber en s’écorchant le genou, et de lui dire : « Si ton père existait vraiment, tu ne serais pas tombé !! »

C’est absurde, hein ! On est au niveau zéro de la réflexion. On ne va pas aller dire ça à un enfant qui vient de tomber ! Il existe son papa ! Peut-être même qu’il était juste à côté de lui !

Mais même quand on a un papa super sportif, Gérard par exemple, on peut tomber juste à côté, ça arrive ! T’es d’accord… ?

Nous, les Chrétiens, nous croyons en un Dieu-Père. C’est pour ça que j’ai pris l’exemple d’un papa. Pour nous, Dieu c’est un papa.

Et un papa, ça n’est pas Superman.

Ça, c’est ce qu’on croit quand on a trois ans, que notre papa c’est Superman. Mais peu à peu, on se rend compte que – même si on a un SUPER-PAPA – c’est quand même pas Superman…

On grandit, on s’aperçoit que nos parents ne sont pas tout-puissants…

En fait ils le sont, vos parents, ils sont tout-puissants, mais ils sont tout-puissants EN AMOUR.

C’est d’ailleurs pour ça que vous êtes nés ! Vous êtes nés de leur amour. Ils sont tout-puissants en amour mais ils ne sont pas superman pour autant.

Un père, ce n’est pas quelqu’un qui télécommande la vie de ses enfants pour qu’il ne leur arrive strictement rien ! Un père n’a pas la manette dans la main, une maman non plus d’ailleurs.

Les parents dans cette assemblée, les grands-parents aussi, savent très bien qu’ils font tout leur possible pour leurs enfants et pour leurs petits-enfants. Mais qu’ils sont incapables de leur empêcher absolument tout mal.

Un Dieu-Père, c’est la même chose, Chers Amis ! Un Dieu-Père ne peut pas empêcher son enfant de faire le mal ou de le subir. Nous sommes libres.

Un père, en revanche, tout comme une mère, souhaite qu’il n’arrive rien de mal à son enfant. Et il va essayer, elle va essayer de lui offrir les meilleures conditions, de lui donner une bonne éducation, de lui apprendre une éthique, des valeurs, c’est pour ça que vous êtes là ce soir !

MERCI de tout ce que vous apportez à vos enfants ! Merci ! C’est tellement précieux !

C’est exactement ce que Dieu-Père fait avec nous : il nous a donné des valeurs, des « commandements », on appelle ça. Et puis un Evangile, comme cette page que nous a lue Claudy tout à l’heure.

Il nous a donné ces valeurs. Après, c’est à nous de choisir : nous sommes libres !

Si l’enfant, une fois qu’il est devenu adolescent, passe son temps à faire l’inverse de ce que ses parents lui ont appris, forcément il risque de lui arriver quelques bricoles.

Et les adultes, nous sommes tous passés par l’adolescence, nous avons tous plus ou moins connu cela.

Or vis-à-vis de Dieu, Chers Amis, nous sommes encore parfois des ados. Passant notre temps à faire tout le contraire de ce qu’il nous propose, par défi, avec cette petite phrase au fond du cœur : « De toutes façons je m’en sortirai tout seul ! »

Ben non…

Ben non, on l’a vu, c’était l’une des demandes de pardon qui a été prononcée tout à l’heure par les enfants…

Quand on cherche à s’en sortir tout seul, on oublie qu’il y a Dieu, qu’on peut lui demander de l’aide, et qu’on ferait mieux d’ailleurs, de lui demander de l’aide !

Devenir adulte dans notre foi, Chers Amis, c’est un travail de tous les jours. Qu’on soit enfant ou qu’on soit déjà adulte dans la vie civile, c’est un travail de tous les jours.

Et ça passe par des moments, des temps forts comme celui-ci, comme ces « 24 heures pour le Seigneur ».

Ça veut dire se demander ce que nous pouvons faire pour Dieu plutôt que de nous lamenter sur ce que Dieu devrait faire pour nous. Nous demander ce que nous, nous pouvons faire pour lui.

Devenir adultes, c’est ce que Jésus suggère à ses interlocuteurs dans l’Évangile de ce soir.

Ils étaient venus le trouver pour se plaindre, vous avez entendu. Et Jésus leur demande s’ils croient vraiment que les victimes de quelque attentat ou de quelque décision catastrophique, si ces victimes étaient des personnes plus pécheresses que les autres…

Sérieusement, Chers Amis, vous croyez, vous, que les victimes d’un tremblement de terre par exemple, ou pour prendre un exemple plus proche de nous, les victimes d’une avalanche étaient plus mauvaises que nous ? C’est absurde ! Evidemment que non !

Dieu ne veut jamais le mal. Et Jésus, dans l’Évangile d’aujourd’hui, dit la même chose. Il place clairement le débat complètement ailleurs : il ne s’agit pas de savoir si telle ou telle victime était bonne ou mauvaise. Il s’agit de nous convertir NOUS avant de regarder les autres.

« Cessez de récriminer » comme le disait Paul dans la deuxième lecture. Cessons de demander des comptes à Dieu. Regardons ce que nous, nous pouvons changer en nous et autour de nous.

Regardons ce que nous pouvons convertir en nous avant de penser convertir les autres !

L’Evangile a été écrit en grec, et « convertir » en grec, ça se dit par un verbe qui signifie « changer son regard, se retourner ».

Je suis sûr, les enfants, que vous avez tous déjà appris à faire une conversion avec des skis. Ah, c’est très utile, la conversion ! Quand on est sur une pente un peu trop raide et qu’on ne peut pas faire de virage en descendant, eh bien on peut faire un virage sur place avec la conversion. Vous apprendrez ça tôt ou tard.

Eh bien la conversion à skis, c’est exactement la même chose qu’en grec, c’est se retourner. On se retourne, et du coup on voit les choses très différemment. On change de direction. C’est ça, se convertir, changer de direction dans notre cœur !

On pourrait commencer par convertir notre façon de penser par exemple. Notamment notre façon de penser Dieu.

On le voit trop souvent comme un vieux sadique à grande barbe blanche qui nous enverrait des punitions, comme ça, parce qu’on n’a pas été sages, non ! C’est pas du tout ça, Dieu. C’est pas du tout ça !

Dieu, il est AMOUR. Et c’est un PAPA, comme on le voyait tout à l’heure. Un Papa qui nous ouvre tout grand les bras.

« Son nom est miséricorde. » C’est le pape Benoît XVI qui disait ça. Si vous cherchez le nom de Dieu, c’est pas compliqué, c’est « miséricorde ». Le pardon infini, c’est ça, son nom à lui.

Et dans la première lecture justement, Moïse demandait à Dieu son nom… Je ne sais pas si vous avez retenu la réponse…  Comment Dieu dit qu’il s’appelle, à Moïse ? C’est une réponse très très bizarre… Il lui dit : « Je m’appelle ‘Je suis’ »

C’est bizarre, comme nom, vous êtes d’accord ! « Je suis », c’est pas un prénom ! Et pourtant c’est une identité. Dieu parle au présent. Il aurait pu dire « J’étais », parce que ça fait des siècles qu’il existe, hein !

Il aurait pu dire « Je serai », parce qu’il existera encore « dans les siècles des siècles », comme on dit à la messe.

Mais non. Il a dit à Moïse : « Je suis ». Il parle au présent, Dieu. Comme s’il voulait nous inviter à vivre aussi notre vie au présent.

Ce qui est important c’est ce qu’on vit maintenant.

C’est le Dieu de la vie. C’est le Dieu de ce qui existe. C’est pas le Dieu de la mort, ou bien de ce qui était. C’est pas non plus le Dieu du futur, de ce qui sera demain, non. C’est le Dieu de ce soir. De ce qu’on vit maintenant.

Alors à nous, Chers Amis, de grandir en humanité, de nous convertir, de vivre de telle manière qu’à la seule vue de nos actions il soit impossible de croire que Dieu n’existe pas.

C’est une si belle phrase de Mère Térésa : « Vivre de telle manière qu’à la seule vue de ce que je fais il soit impossible de croire que Dieu n’existe pas ! »

Si nous vivons comme cela, plus personne ne viendra nous dire : « S’il existait vraiment, ton Dieu… »

Vivons de telle manière qu’à notre seule vue il soit impossible de croire que Dieu n’existe pas.

___________________________________________

Vex, samedi 23 mars 2019, 18.30

Messe des familles des 24 heures pour le Seigneur

Imprimer

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.