Un seul membre malade: fièvre pour tout le corps.

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Homélie pour le 3e dimanche TO, année C

 

Néhémie 8,1-10  /  Psaume 18  /  1Corinthiens 12, 12-30 / Luc 1,1-4 ; 4,14-21

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

 

Chers Amis,

 

Il y a quelques jours en arrière, je me suis cogné le petit doigt de pied contre une porte. Ah je vois à certaines grimaces que c’est une expérience que nous sommes plusieurs à partager…

 

Dans l’échelle de la douleur, juste au-dessus de ça, il y a encore « marcher sur un Lego »… pour les jeunes parents c’est tout à fait redoutable ! Quand un « Lego » traîne dans la chambre d’enfant et qu’on marche dessus, en général on s’en souvient !

 

Dans ces moments-là, pendant quelques instants, je ne sais pas si vous avez remarqué, quand ça nous arrive, il n’y a plus rien d’autre qui existe, hein !

 

Quand on se cogne le petit doigt de pied, quand on se mord la langue en mangeant aussi, il n’y a plus rien d’autre qui existe, mais alors plus rien.

 

On peut nous parler de n’importe quel problème, des catastrophes dans le monde, de tout ce qu’on veut… Pendant quelques secondes, nous sommes un petit doigt de pied, c’est tout. Il n’y a rien d’autre qui existe !

 

Eh bien nous venons de ré-entendre un texte qui parle exactement de cela, écrit par Paul.

 

Alors là j’en vois certains s’interroger du regard et se dire : « J’ai bien écouté les lectures, mais il ne me semble pas qu’on y ait évoqué un petit doigt de pied coincé dans une porte… »

 

Non, en effet. Mais Paul a pris une image très simple pour nous parler de l’Eglise.

 

L’Eglise avec un grand « E », c’est-à-dire nous. L’Eglise avec un grand « E » c’est pas le pape, les évêques ou les prêtres, pas seulement. C’est tous les baptisés, l’Eglise avec un grand « E », ça fait du monde hein ! 2 milliards et demi de personnes…

 

Et Paul, pour parler de l’Eglise, a pris une image très simple : « c’est comme un corps humain » disait Paul.

 

Et vous m’accorderez volontiers le fait que dans un corps, il y a une tête, des pieds, des mains, et il y a un petit orteil, y en a même deux normalement. Il y a une langue aussi.

 

Eh bien dans l’Eglise c’est pareil. Si vous vous retournez, si vous regardez autour de vous, vous allez voir quantité de visages, de têtes – et vous n’allez pas voir les petits orteils ni les langues, j’espère – mais il y a quantité de gens différents autour de nous, en réalité nous sommes même tous différents.

 

Personne n’est identique à son voisin. Et nous avons différents rôles aussi !

 

Il y a des personnes qu’on voit, comme les animateurs de la liturgie, les lecteurs… Et vous l’avez entendu dans la première lecture, ça ne rigolait pas, les lecteurs, à l’époque : celui qui était chargé de proclamer la Parole de Dieu lisait depuis le lever du soleil jusqu’à midi !

 

On ne va le faire ce soir, d’abord parce que le soleil est couché, ensuite parce que ça nous amènerait trop loin.

 

Et puis il y a les prêtres, dont le rôle est aussi visible, et est aussi celui d’expliquer les lectures, ce que je suis en train de faire maintenant. Notre rôle, c’est aussi de raccrocher ces textes à votre vie d’aujourd’hui. Ça, c’était notre première lecture, le livre de Néhémie, le prophète Néhémie.

 

Et puis Jésus, vous l’avez entendu dans l’Evangile, Jésus a été lecteur, lui aussi. Il a été lecteur à la synagogue, et dans son village ce jour-là, il lisait.

 

A part les lecteurs, à part les sacristains, à part les prêtres, les servants de messe quand il y en a, les fleuristes, les gens qui s’occupent de ce lieu, il y a beaucoup d’autres personnes dans l’Eglise.

 

Et chacune des personnes qui composent notre assemblée de ce soir, chacun de vous a son rôle, important.

 

Beaucoup d’entre vous se disent peut-être : « oh moi, je ne suis pas important, je ne fais rien de spécial… je suis juste venu là, à la messe, ce soir. » …Mais vous êtes venus prier. Et la prière, c’est très important.

 

Chacun de vous a un rôle très important.

 

Il y a des personnes qui prient, parfois très discrètement, chez elles. Ces personnes sont tout aussi essentielles à la communauté !

 

Il faut qu’il y ait des différences ! On n’est pas tous faits pour la même chose, nous ne sommes pas tous appelés à la même tâche !

 

Je ne sais pas si vous avez déjà demandé à votre bras de digérer votre repas du soir… Eh bien je vous souhaite bien du courage !

 

Un pied… c’est très utile pour marcher. Mais est-ce que vous avez déjà demandé à un pied de penser ? Ah on connaît tous des personnes qui raisonnent comme des pieds, hein ça c’est sûr… Mais enfin, à la base, c’est pas fait pour penser, un pied ! Et si on a utilisé cette expression « raisonner ou penser comme un pied » c’est bien pour dire que c’est pas fait pour ça !

 

Vos yeux… Vous savez que vos yeux sont des organes prodigieux : ils prennent 800.000 photos par jour, vos yeux… C’est pas mal, comme appareil photo, hein ! 800.000 photos par jour qu’ils transmettent au cerveau. C’est un organe extraordinaire, l’œil. Mais il ne vous viendrait pas à l’idée de demander à votre œil de MARCHER dans la rue ? Ce serait absurde, un œil qui marche !

 

Ce serait catastrophique si tous nos membres faisaient la même chose, chacun ! Nous serions des monstres.

 

Et pourtant, ils se coordonnent ! C’est formidable, un corps humain ! Nous avons besoin de nos yeux pour marcher dans la rue – les personnes mal-voyantes ne le savent que trop bien !

 

Nous avons besoin de nos deux pieds, pour marcher dans la rue. Et nous avons besoin qu’ils se coordonnent, qu’ils aillent dans la même direction et qu’ils ne se croisent pas, si possible, sans quoi ça ne va pas être facile. Si un pied dit : «Ah, moi je vais faire un pas en avant » et puis que le pied droit dit : « Moi je vais faire un pas en arrière », eh bien on va faire le grand écart et on va tomber.

 

Heureusement que notre corps se coordonne.

 

C’est pareil dans l’Eglise : il y a beaucoup de personnes très différentes – un pied ne ressemble pas à un œil – mais ces personnes travaillent dans la même direction, elles se coordonnent, elles travaillent pour le bien de toute la communauté. Et nous avons besoin les uns des autres.

 

C’est beau, l’Eglise ! Et Paul avait trouvé une image très belle pour en parler : un corps.

 

Cette image n’a rien perdu de son actualité. Parce que… que se passe-t-il quand un membre du corps souffre ? Bah c’est le corps tout entier qui a la fièvre !

 

Quand un membre de votre corps souffre – véritablement, je ne parle plus, là, du petit doigt de pied dans la porte – eh bien c’est votre corps tout entier qui a la fièvre. Même si c’est votre pied qui est malade, on prend la température dans l’oreille, ça sera la même hein ! C’est le corps tout entier qui a la fièvre quand un seul membre souffre.

 

Et il faut le soigner, ce membre, rapidement. Sans quoi on risque de devoir même, parfois l’amputer, le couper, pour que le corps résiste.

 

Pourquoi je vous dis ça ? Parce que je suis comme vous, Chers Amis, je suis atteint, je suis triste des membres de notre Eglise qui sont malades et dont les journaux nous parlent abondamment.

 

Ça me fait souffrir moi aussi, comme vous.

 

C’est le corps tout entier qui a la fièvre quand un de ses membres est malade.

 

Et parfois il faut amputer, parfois il faut se séparer d’un de ses membres, il faut avoir le courage de le faire.

 

Mais je n’oublie pas que j’ai ma petite place, mon petit rôle dans ce corps. Et que je dois continuer. Parce que si quand un pied souffre, la main dit : « OK, moi je m’en vais, hein ! Coupez-moi ! Non, moi je ne veux plus faire partie de ce corps qui souffre ! »… eh bien on n’irait pas loin non plus !

 

Quand l’Eglise souffre, le reste du corps doit se mobiliser. C’est pas parce que le petit doigt va mal que la cheville doit s’arrêter de fonctionner. Sans quoi, très vite, le corps tout entier mourrait.

 

Alors continuons tous ensemble chers Amis, dans ce corps magnifique qu’est l’Eglise. Continuons à être, vous et moi, des membres de ce corps.

 

Et quand ce corps a la fièvre, il est d’autant plus essentiel, je crois, d’en prendre soin.

 

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Genève (St Nicolas), samedi 26 janvier 2019, 17 h.

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