Une communion à la TV ??

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Homélie pour la PREMIERE COMMUNION

Apocalypse 21,10-14.22-23 ou Actes 1,1-11 ou Actes 2,1-11 / Luc 24,13-35

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AVEC LES ENFANTS DE LA PREMIERE COMMUNION

Alors les Amis,

Est-ce que vous avez déjà regardé la messe à la télévision ?

[à une servante de messe :] …Céline, ça lui est déjà arrivé une fois, parce qu’elle était malade. Et c’est vrai que c’est à ça que ça sert.

La messe de la télévision, c’est une belle chose ! Ça sert quand on ne peut pas venir à l’église, parce qu’on est malade, parce qu’on est empêché dans sa santé, parce qu’on est tout seul chez soi et puis qu’il n’y a personne qui nous y amène, aussi, et qu’on a de la peine à marcher, les personnes plus âgées…

C’est très utile, la messe à la télévision, bien sûr. Mais est-ce que c’est la même chose qu’ici ?

Pas tout à fait… Il manque quand même un léger détail : l’Eucharistie. Et c’est loin d’être un détail ! Même si c’est très léger, une hostie… C’est loin d’être un détail, ah oui !

Si vous regardez la messe à la télévision, vous ne recevez pas Jésus dans l’Eucharistie.

Vous avez beau déposer une hostie qui n’est pas consacrée devant votre téléviseur, c’est pas le prêtre qui, à distance, par la magie des ondes, va vous la consacrer ! Ça ne fonctionne pas comme ça !

Mais est-ce qu’il ne manque que ça, à votre avis ? Non, il manque tout le reste.

Parce que « communier », ce que vous allez faire tout à l’heure pour la première fois, « communier » c’est pas seulement prendre l’Eucharistie.

« Communier » c’est être ensemble, comme nous le sommes ce matin, autour de vous, « Communier » c’est prier ensemble, chanter ensemble comme on peut le faire grâce à notre chorale, « Communier » dans leur cas c’est avoir mis le même habit – vous avez vu ? – comme vous, vous avez tous le même habit aujourd’hui, c’est aussi ça être en communion.

« Communier » c’est former un ensemble.

« Communier » c’est aussi se donner la paix, ce que nous ferons tout à l’heure… je ne sais pas si vous avez déjà essayé de serrer la main à une télévision ? Moi j’ai pas réussi, hein !

Donc vous voyez, il n’y a pas seulement l’Eucharistie qui manque, si on regarde la messe à la télévision parce qu’on est malade, parce qu’on peut pas venir… y a plein d’autres choses qui manquent.

Et si vous avez une grand-maman, un grand-papa qui ne peut pas venir à la messe parce qu’il n’arrive pas bien à se déplacer et qui regarde la messe à la télévision, ce serait une bonne idée de l’aider à venir, parce que c’est tout différent ici. C’est une autre communion.

Et souvent il y a des personnes âgées, j’en connais, qui ne viennent pas à la messe simplement parce que leurs enfants – vos parents – ont trop de choses à faire le dimanche matin ou le samedi soir pour les amener en voiture jusqu’à l’église.

C’est dommage. Parce que ça pourrait les aider, ils pourraient venir communier ici, avec nous.

Et puis ça ferait du bien aussi au chauffeur de la voiture : plutôt que d’attendre au bistrot il pourrait venir communier ici, avec nous. Et certainement qu’il y trouverait quelque chose de meilleur que l’apéritif qu’il prendra au bistrot.

Parce que c’est Dieu qu’on vient recevoir ici. On vient le recevoir dans l’hostie que vous aurez tout à l’heure, mais on vient aussi le recevoir dans sa Parole qu’on vient de lire, on vient aussi le recevoir dans l’ensemble de la paroisse qui est là, on vient aussi le recevoir dans les chants, on vient le recevoir dans les prières, on vient même le recevoir dans le silence

Et alors là… je ne sais pas si vous avez essayé de trouver du silence à la télévision, mais c’est vachement rare… Faut couper le son, en fait, c’est le seul moyen.

On a entendu l’histoire d’Emmaüs, et vous l’avez travaillée cette histoire, ensemble. C’est pas l’Evangile d’aujourd’hui, mais c’est l’Evangile que vous avez travaillé, vous, c’est pour ça qu’on l’a choisi.

On l’a pas choisi pour rien, non plus, parce que c’est très, très intéressant ce qui se passe dans cette histoire. Parce que ça nous montre la manière d’agir de Jésus dans notre vie, ce qu’on devrait faire.

D’abord Jésus, vous avez remarqué, il rejoint ces deux personnes qui sont en train de marcher ENSEMBLE… Vous avez vu, hein ? L’un s’appelle Cléophas, l’autre on ne sait pas son nom. Et c’est fait exprès : c’est parce que l’autre, c’est chacun de nous, en fait.

…ils sont en train de marcher ensemble, sur le chemin… ils ne sont pas chacun seul devant leur télévision, vous avez remarqué ? Ils sont ensemble, comme on l’est ce matin, et ils sont en train de marcher… vous me direz : on est assis, on n’est pas tellement en train de marcher. Oui, mais il y a plusieurs manière de cheminer : on est en train de faire un chemin ensemble. Eh oui…

Jésus rejoint les personnes qui se sont mises ensemble pour une démarche, comme la communauté de ce matin. Il rejoint moins facilement la personne qui reste toute seule devant sa télévision.

Que se passe-t-il ensuite ? Eh bien il commence par les écouter. Et c’est toujours ce qu’il faut faire avec quelqu’un qui vient vous parler, faut commencer par l’écouter.

Moi, ça m’arrive souvent : j’ai écouté une personne une demi-heure l’autre jour… j’ai pu placer quatre phrases. Et j’étais tout content ! Pas de placer mes quatre phrases mais d’avoir pu l’écouter, parce qu’elle avait beaucoup de choses à me dire.

C’est important d’écouter, même si on n’est pas d’accord ! Il faut d’abord commencer par écouter, et c’est ce que fait Jésus.

Les deux personnes qui marchent sur ce chemin, vous avez remarqué, sont tout tristes. Hein, on le dit dans le texte… Ils sont tout tristes parce que Jésus est mort, trois jours avant, et qu’ils n’ont pas encore compris qu’il est ressuscité.

Il y a plein de gens, si vous discutez à droite à gauche, les parents aussi, il y a plein de gens qui sont tout tristes parce qu’ils trouvent que le monde va mal.

Vous savez, l’une des fonctions les plus importantes de la foi chrétienne, c’est l’espérance. On peut trouver que le monde va pas très bien, c’est évident. On peut aussi se réjouir de tout ce qui va bien… et alors là, ça change la vie, j’aime mieux vous dire ! Parce que vous pouvez parler pendant une demi-heure à quelqu’un de tous les problèmes que vous avez, je pourrais le faire, j’en ai aussi, des problèmes.

Mais si j’essaie de parler de ce qui me rend joyeux, comme je le fais maintenant avec la Parole de Dieu, eh bien ça change tout. On a beaucoup plus envie d’écouter quelqu’un qui parle de ce qui le rend joyeux plutôt que quelqu’un qui parle de ses problèmes.

Et ça change le monde de pouvoir parler aux autres de ce qui est beau, de ce qui est bon, de ce qui nous rend joyeux, de l’espérance qu’on a… ça, c’est important.

C’est exactement ce que fait Jésus : il leur dit : « C’est vrai, il est mort… mais si vous cherchez bien, dans la Bible, dans l’Ecriture, y a pas autre chose ? Y a pas un texte qui dit qu’il va ressusciter ? »

Ah ouais… ils n’y avaient pas pensé, à cela… Et ça les rend joyeux, ils ont envie de continuer leur chemin.

Et puis, vous avez remarqué, Jésus se laisse inviter. C’est exactement ce que vous avez fait ce matin, et vos parents aussi, vos grands-parents aussi… nous tous, on s’est laissé inviter.

Qui est-ce qui nous invite ? …Mais oui, c’est Jésus, bien sûr. C’est Jésus qui nous invite, et qui nous invite à venir manger avec lui.

Vous avez déjà été invités au restaurant ? …C’est chouette, hein ! Ici, c’est une autre forme de restaurant… il y a des petites différences, d’abord c’est gratuit – ça vous trouvez dans peu de restaurants ! – c’est gratuit, on se laisse inviter… Et Jésus nous invite toujours gratuitement, dans nos vies. Tout ce qu’il nous offre, c’est cadeau.

Et puis ensuite il y a une autre petite différence par rapport au restaurant c’est qu’on est tous assis dans le même sens, vous avez remarqué ? Ben oui, parce que le but, ici, c’est pas qu’on se parle comme au restaurant, mais c’est qu’on écoute ce que Jésus a à nous dire.
C’est pour ça qu’on a mis les sièges dans le même sens, tout simplement.

Jésus se laisse inviter. Vous vous êtes laissés inviter par lui, ce matin.

Et ensuite ? Vous avez entendu l’histoire. Ils entrent dans l’auberge, à Emmaüs, et Jésus partage le pain, comme je vais le faire tout à l’heure. Il partage le pain, et tout à coup, alors, les deux personnage se disent : « Mais bien sûr, c’est lui ! Alors il est pas mort ! C’est lui qui marchait tout à l’heure sur le chemin avec nous, c’est lui qui nous a expliqué la Bible, c’est lui qui nous a invités dans cette auberge, c’est lui qui partage le pain. Il est pas mort ! Il est avec nous ! »

Même quand on croit ne pas le reconnaître, il est avec nous.

Et dans chacune de vos vies, il est là, avec les gens qu’il a mis sur votre route, les gens qui vous aiment, vos parents, vos parrains, vos marraines, les personnes qui vous accompagnent sur le chemin de la vie. Il est là aussi dans ces personnes-là.

Il est là même s’il est un peu invisible parfois. On a l’impression de ne pas le reconnaître… mais il est là.

Tout à l’heure, quand je fractionnerai le pain, vos cœurs reconnaîtront Jésus dans ce pain. Et c’est lui que vous allez accueillir en vous.

Et là se trouve la dernière partie de notre texte. Qu’est-ce qui se passe une fois que les disciples ont reconnu Jésus ? Il disparaît ! Qu’est-ce qui va se passer quand vous aurez mangé l’hostie ? Eh bah ouais, vous la verrez plus, hein ! Il sera à l’intérieur de vous.

Vous voyez, c’est la façon de faire de Jésus : il nous fait un petit signe, comme ça, dans notre vie, il nous montre qu’il nous a accompagnés sur notre chemin… et puis quand on a compris que c’était lui, il nous laisse continuer tout seuls mais avec une bonne nouvelle au fond du coeur : c’est qu’il nous accompagne même s’il est invisible.

Dites-moi, pour terminer : aujourd’hui c’est votre première communion. Dans quelques années vous ferez – j’espère – votre confirmation. Vous y pensez déjà ? Il y en a qui y pensent déjà !

Et entre les deux, alors ? Est-ce qu’il vous viendrait à l’idée de ne plus manger du tout entre aujourd’hui et le jour de votre Confirmation ? …non… Heureusement ! C’est important de manger tous les jours, plusieurs fois par jour…

Votre Confirmation, c’est dans beaucoup, beaucoup, beaucoup de repas… On pourrait les compter, comme quand vous étiez petits, qu’on comptait les dodos et les repas qui restaient avant Noël ou avant les vacances… on pourrait les compter… mais est-ce que ça vous viendrait à l’idée de ne pas dormir du tout jusqu’à votre Confirmation ? Non, vous seriez très malades !

Si on ne mange pas, si on ne dort pas, notre corps finit par mourir. Il faut dormir, il faut manger.

Eh bien c’est exactement pareil avec ce repas-là. Seulement ce n’est pas notre corps qui meurt, si on oublie de le prendre. C’est notre âme.

Notre âme, si on ne se nourrit plus de belles choses, tôt ou tard, elle finit par avoir faim, soif, réclamer un peu, et si on ne s’en occupe pas du tout elle finit par plus être très importante en nous.

C’est pour ça que c’est important de revenir – d’autant plus que c’est gratuit – de revenir pour avoir Dieu à chaque fois dans sa Parole, dans ses chants, dans sa prière, dans les silences, et dans l’hostie…

Alors, faites-moi plaisir, vous reviendrez ? …Oui… Magnifique !

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Vex, dimanche 1er mai 2016, 10.30 (version enregistrée)

Evolène, jeudi 5 mai 2013, 10.30

Hérémence, dimanche 15 mai 2016, 10.30

 

 

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2 Responses

  1. Hermine Pralong.

    Très juste Vincent, heureusement que pour les personnes seules, âgées, handicapées, nous avons des auxiliaires de l’Eucharistie ou un prêtre qui vient de temps en temps nous voir, sans cela le manque de Jésus-Hostie nous tue autant que la maladie. Merci à vous d’être là.

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