Verre à moitié plein ou à moitié vide ?

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Photo libre de droits : montage d’après Pixabay

Homélie pour le 5e dimanche TO, année B

Job 7,1-4.6.7  /  Psaume 146  /  1Co 9,16-19.22-23 / Marc 1,29-39

 

> Une homélie n’est faite ni pour être lue ni pour être vue en vidéo, c’est un exercice oral. Vivez l’expérience pleinement en l’ECOUTANT :

Chers Amis,

Nous le savons bien, nous ne pouvons pas changer la réalité des choses. Et nous aimerions bien, parfois ! Tout particulièrement en ce temps de pandémie, avouons-le ! On aimerait bien changer la réalité des choses mais nous ne pouvons pas, et quelque part ce n’est pas plus mal parce que nous ne serions plus des êtres humains, dans ce cas.

On ne peut pas changer la réalité des choses, mais on peut changer notre regard sur cette réalité.

C’est la fameuse histoire du verre à moitié plein et du verre à moitié vide. Sans pouvoir forcément changer l’eau qui se trouve dans le verre, on peut changer notre regard sur ce même verre.

Nous avons tous des choses pénibles qui se passent dans nos vies, notamment dans nos vies professionnelles mais même aussi dans les travaux que nous effectuons bénévolement et évidemment – en ce moment – également dans nos vies privées avec ce satané virus qui bouscule tout.

Seulement il y a deux attitudes radicalement différentes : s’en plaindre ou non.

Parfois je tombe dans la première attitude, moi aussi.

Ça me fait penser à Job. Job qui, vous savez, dans un premier temps – au début de son livre – passe son temps à se plaindre. Prenez par exemple – mais c’est un exemple parmi tant d’autres – le début du chapitre 7 du livre de Job : « Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. Comme l’esclave qui désire un peu d’ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, depuis des mois je n’ai en partage que le néant, je ne compte que des nuits de souffrance. » Job…

Parfois, c’est vrai, ça m’arrive moi aussi de me plaindre. Et je suis sûr que ça vous arrive à vous également, que l’on soit en télétravail ou non, que l’on soit englué dans les directives de protection de nos entreprises ou que l’on ait un métier un petit peu plus libre, peu importe, on a parfois des journées bien difficiles.

Et puis parfois, au contraire, je suis tout heureux de faire ce que je fais, de répondre à la vocation que le Seigneur avait pour moi… J’ai une chance incroyable de faire tout cela – me dis-je ! Et de ce côté-là on voit les choses de manière nettement plus agréable.

Se plaindre ou ne pas se plaindre, c’est au fond, un peu, comme cette célèbre histoire des deux prisonniers qui cassent des pierres au bagne.

Quand on leur demande ce qu’ils font, le premier répond : « Moi, je casse des pierres, et j’en ai marre. ».

Et le second qui fait pourtant exactement le même geste répond : « Et moi, je suis tout heureux, parce que participe à la construction de quelque chose grâce à ces pierres que je produis. »

Ils font le même travail mais chacun a une autre manière de voir les choses.

Vous voyez… on ne peut pas changer la réalité des choses mais on peut changer notre regard sur cette réalité.

Et puis, quand on est Chrétien, quand on est croyant, il y a le troisième regard… Le regard qui voit le verre non seulement à moitié plein, mais plein de grâce !

Le troisième prisonnier qui lui aussi casse des pierres, exactement les mêmes pierres que les autres, quand on lui demande ce qu’il fait, lui, il répond : « Je construis une cathédrale… »

Je construis une cathédrale…

Chaque geste que nous faisons, Chers Amis, dans nos vies, même le geste plus simple, même le plus banal – faire la vaisselle – chaque geste de nos vies peut servir à bâtir le Royaume de Dieu. Tout dépend dans quel état d’esprit on le fait. Tout dépend de la qualité de notre regard.

Et Paul nous invite régulièrement à changer notre regard… Je vous lis un extrait de sa première lettre aux Corinthiens :

« Frères, annoncer l’Évangile, ce n’est pas là pour moi un motif de fierté, c’est une nécessité qui s’impose à moi. Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! Certes, si je le fais de moi-même, je mérite une récompense. Mais je ne le fais pas de moi-même, c’est une mission qui m’est confiée. Alors quel est mon mérite ? C’est d’annoncer l’Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, et sans faire valoir mes droits de prédicateur de l’Évangile. »

Paul a une certaine qualité de regard sur la mission, pourtant extrêmement difficile, qui lui a été assignée.

Alors bon, on se dit : « Ben oui, c’est normal, c’est Paul, en même temps, hein ! Il est fortiche, lui, il arrive à changer son regard… »

Oui mais non ! C’est une nécessité pour chacune, pour chacun de nous, Chers Amis ! Comme baptisés nous avons pour mission d’annoncer l’Evangile.

Alors on n’est pas tous théologiens, on ne sait pas tous le faire avec des mots savants… mais ça tombe bien puisqu’un certain Jésus nous a dit qu’il était heureux que le Père ait caché certaines choses aux savants pour les révéler aux tout petits…

Alors tant mieux si l’on n’a pas les mots savants des théologiens !

On peut annoncer l’Evangile de mille manières, avec des gestes, avec un sourire… alors OK, derrière les masques c’est pas facile… mais on peut sourire des yeux, on en est tous capables.

Et puis on se réinvente des gestes avec les yeux, d’ailleurs… C’est pas si mal, ces masques, me disais-je l’autre jour… C’est pas si mal parce que… on ne se regardait plus dans les yeux, quand on se disait « bonjour », vous avez remarqué ? Eh bien maintenant on est obligé ! Maintenant on est obligé parce qu’on doit se sourire des yeux, on doit se regarder dans les yeux…

Vous voyez, Chers Amis, nous annonçons l’Evangile par chacun de nos gestes, du plus petit jusqu’au plus imposant, par chacune de nos paroles de la plus simple jusqu’à la plus savante… Tout dépend de l’attitude que nous avons et, je crois, tout dépend de la qualité de notre regard.

Si nous accomplissons avec joie ce que nous faisons, si nous posons un regard de joie sur ce que nous faisons, alors voilà une magnifique manière d’annoncer l’Evangile à celles et ceux qui nous voient travailler.

Et même si c’est télétravailler.

Il y a une page d’Evangile qui nous parle de tout cela avec un petit quelque chose en plus. Eh oui, sinon ce ne serait pas l’Evangile !

Je vous lis, dans l’Evangile de Marc, au premier chapitre, à partir du verset 29 :

« En ce temps-là, aussitôt sortis de la synagogue de Capharnaüm, Jésus et ses disciples allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait.

Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était.

Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : ‘Tout le monde te cherche.’ Jésus leur dit : ‘Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti.’ »

Jésus nous dit, donc, qu’il est venu non seulement guérir les malades mais proclamer l’Evangile. C’est-à-dire proclamer la Bonne Nouvelle, c’est ça le sens du mot « Evangile » : « Bonne Nouvelle ». Mais en plus, il chasse les démons, les mauvais esprits…

Alors là on se dit : « Ouais, mais ça, c’est peut-être pas donné à tout le monde non plus, hein ! En même temps, c’est Jésus… »

Et pourtant, il y a une maladie que nous pouvons TOUS guérir, qu’on soit médecins ou non… Il y a un mauvais esprit que nous pouvons TOUS chasser, qu’on ait des secrets ancestraux pour les chasser ou non. Tous ! Vous et moi.

Cette maladie, ce mauvais esprit, je l’appellerais la plaintite aigüe.

La plaintite aigüe… Vous savez, celles et ceux qui se plaignent tout le temps. S’il fait beau, ils vont dire « Oh, y’en a marre de ce soleil ! »… S’il neige, ils vont dire : « Oh, y en a marre de cette neige ! »

Vous en connaissez tous, j’en suis sûr. Jamais contents, jamais satisfaits du moment présent.

Ce mauvais esprit, cette plaintite que nous pouvons chasser, le pessimisme, comme on l’appelle aussi, ce mauvais esprit du verre à moitié vide, ces gens qui sont capables de gâcher même le plus beau des bonheurs en vous disant : « Oh, ça va pas durer… ».

On en connaît tous des gens comme ça, mais… soyons honnêtes… ce mauvais esprit, et particulièrement en ce moment, en ces temps de pandémie, de découragement, ce mauvais esprit il est parfois à l’intérieur de nous-mêmes. Cette maladie, nous en sommes aussi parfois atteints…

Et ils agissent tous les deux du plus profond de nous, ils sont bien cachés en nous, cette maladie et ce mauvais esprit.

Alors je nous invite, moi le premier, à chasser cette maladie à exorciser ce mauvais esprit du négativisme, ce démon du pessimisme. Je nous invite à les chasser vigoureusement, particulièrement en ce temps de CoVid, à changer notre regard sur la réalité des choses.

Cherchez chaque jour quelque chose de beau, quelque chose pour quoi vous avez envie de dire « MERCI » à la fin de votre journée. Cherchez cette chose… et vous allez voir : non seulement vous allez la trouver mais ça va changer votre regard sur l’ensemble de la journée.

Vous allez voir le verre à moitié plein… et qui sait ? Peut-être comme le troisième casseur de pierres, vous allez le voir non seulement à moitié plein… mais plein de la grâce du Seigneur. Cette grâce que j’appelle sur Chacune, Chacun de Vous Chers Amis !

Soyez bénis ! Et bon dimanche à tous ! Amen !

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Radio R, dimanche 7 février 2021, 9.00 (version enregistrée)

…et dans une version légèrement différente jadis :

Les Collons, samedi 3 février 2018, 17.00

Vex, samedi 3 février 2018, 18.30

Evolène, dimanche 4 février 2018, 10.30

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