Homélie pour le 3e dimanche du Carême C – Apostolica Sedes Vacans
Exode 3,1-15 / Psaume 102 / 1 Coritnhiens 10,1-6.10-12 / Luc 13,1-9
Chers Amis,
Et si on faisait des paris sur le nom du prochain Pape ?
Oh rassurez-vous, il y en a déjà toute une série, des cotes, des tendances, des estimations… Nous sommes dans un monde qui parie beaucoup, que ce soit sur le foot ou sur l’Eglise.
Le premier successeur de Pierre s’appelait Lin. Et certains disent que celui des Cardinaux qui sera élu prendra forcément ce nom-là puisqu’on va élire l’un d’eux (Lin II… je vous laisse un peu de temps pour vous réveiller…).
D’autres se souviennent que Jean-Paul Ier avait été le premier à prendre un nom composé. Il avait choisi ce nom parce qu’il se réclamait à la fois de Jean XXIII et de Paul VI. Du coup, un Pape moderne et communicateur pourrait se réclamer à la fois de Pie XII et de Paul VI, ce qui donnerait Pie-Paul. Et Pie-Paul One, faut avouer que ce serait pas mal ! (people… je vous laisse le temps, là aussi…).
Pie tout court, ce serait rude pour notre liturgie. « Nous prions pour notre Pape Pie » (papy, donc…) ça ferait un peu… Et s’il vient de Russie, c’est pire, « nous prions pour notre Pape Pie Russe » (papyrus), vous imaginez !
Ah c’est pas sérieux, tout ça… Mais j’espère que les Cardinaux auront aussi l’occasion de rire ces prochains jours ! Ils ont un tel poids sur les épaules… l’humour, c’est essentiel.
Quoi qu’il en soit, peu importe la nationalité du futur Pape, peu importe son nom ou le nom qu’il se choisira.
Même Dieu s’est choisi un nom mystérieux. Nous l’avons entendu dans la première lecture, avec l’épisode du buisson ardent.
Moïse demande à Dieu son nom… et la réponse de Dieu est somptueuse, elle crucifierait tous les parieurs vaticanesques : « Tu leur diras : ‘Je suis qui je suis’ »… Magnifique !
D’où les fameuses quatre lettres, le tétragramme, ce YHWH qu’on ne prononce pas, par respect pour nos frères Juifs. Certains y ajoutent des voyelles pour le prononcer, deux pour faire « Yahwé » ou trois pour faire « Jéhowah ». Mais si on veut être respectueux et connaisseur de l’ancien testament, on ne doit pas prononcer ce nom.
Ça donne une légère idée, d’ailleurs, du vide abyssal en termes de connaissances historiques et bibliques de ceux qui se font appeler les « Témoins de Jéhowah » et qui prétendent être les plus respectueux de la Bible… mais c’est un autre sujet.
« Celui qui se croit solide, disait Paul dans la deuxième lecture, qu’il fasse attention à ne pas tomber. » C’est en général quand on croit bien connaître et tout savoir, quand on croit être le plus respectueux, qu’on prend le plus de risques…
On retrouve le thème du NOM dans le psaume que nous avons entendu tout à l’heure : « Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis son NOM TRES SAINT tout mon être ! »
C’est le nom du Seigneur qui est béni, ce nom mystérieux et imprononçable. C’est ce nom-là qui est béni, et pas le nôtre ou celui d’un Pape !
Aujourd’hui on est parfois sous la dictature du nom, fascinés par la gloire d’un nom. On entend cela dans des discussions ici ou là :
– Mais bien sûr, il est super connu !
– Son nom est célèbre !
– Mais enfin, TOUT LE MONDE le connaît !
– Tu n’en a jamais entendu parler ?
Ah ce que j’aimerais qu’on puisse dire cela de Dieu, et pas de nos vedettes qui s’étalent sur le papier glacé de nos magazines ou sur l’écran lumineux de nos télévisions…
Revenons à notre cher Moïse et à son buisson ardent, et revivons la scène quelques instants…
– Quel est votre nom, Seigneur ?
– C’est pas important, Moïse !
– Allez, s’il vous plaît !
– Je suis qui je suis !
– Non mais attendez, Seigneur, je ne sais pas si vous vous rendez compte ! Ils vont me demander, les autres ! Si j’ai rien à leur dire, ça va pas le faire !
– Tu n’as pas « rien » à leur dire, Moïse. Tu leur dis « Je suis qui je suis » et basta ! S’ils comprennent pas avec ça ils sont bouchés!
… Bon je traduis la Bible un peu à ma manière, là, hein, d’accord. Mais dans l’esprit c’est cela !
Ce que veut dire Dieu à Moïse c’est : « Peu importe mon nom, mon pauvre ami ! S’ils ont besoin de CA, tes copains, eh ben c’est mal barré. »
Et c’est ce que répète Jésus, à sa manière, dans l’évangile. C’est pas une question de faire plus ou moins de péchés que les autres qui nous condamnera ou qui nous sauvera, c’est pas une liste de commandements non-tenus qu’on murmure au confessionnal. C’est pas CA !
Ce sont nos coeurs qu’il faut convertir pour qu’ils ne suivent plus l’esprit de vaine gloire du monde mais qu’ils se mettent à l’écoute du Christ.
Ce n’est pas le fait de suivre à la lettre tel ou tel règlement, ce n’est pas l’observance scrupuleuse des principes du conclave qui nous donnera un bon Pape.
C’est son coeur qui doit être bon, et c’est nos coeurs qu’il sera amené à convertir.
A partir de là, qu’il s’appelle Sylvestre II, Jean XXIV ou Mohammed Ier, quelle importance !
Et, entre nous soit dit, chers Amis, pour finir, qu’un Conseiller d’Etat s’appelle Esther, Jean-Michel, Jacques, Maurice, Christophe, Oskar ou Christian, ce n’est pas ça l’important.
L’essentiel, dans toute élection, qu’elle soit au Vatican ou à Sion, c’est qu’un élu ait un coeur noble et sincère, et qu’il nous aide à cheminer au coeur de nos vies.
C’est alors, et alors seulement, qu’il se fera un nom.
C’est alors et alors seulement qu’il sera digne de son nom.
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Chermignon d’en Haut, 2 mars 2013, 18 h. 30
Lens, 3 mars 2013, 9 h. 30
Montana-Village, 3 mars 2013, 11 h.
maman
beaucoup d’humour! ( papyrus ) et l’essentiel : qu’il ait un coeur noble et sincère ! Bravo.
Rosemay
Bravo cher père pour cette homélie plein d’humour et des mots qui touchent au plus profond de mon être. C’est comme ça que j’aime les homélies pas comme certains prêtres qui vous récitent la bible à ne rien comprendre. Merci de tout coeur et soyez béni. J’attends avec grande impatience vos homélies du dimanche pour passer une bonne semaine plein d’amour et d’espoir dans le coeur. encore MERCI et Bravo!